mercredi 28 février 2007

La fête de Justine !

Aujourd'hui c'est ton anniversaire, ma Justine ! Je me rappelle tellement cette journée-là ! Suzie, mon Bob à moi, est rentrée en catastrophe à l'hôpital et on s'est tous dit, bon, encore une fausse alerte, ça ne se peut, pas vite de même... Elle va ressortir dans quelques heures, rassurée. Mais non ! Incroyable mais vrai, notre Justine voulait son tour déjà. T'étais tellement pressée de venir au monde ?

Quand je t'ai vu dans l'incubateur... Après 31 semaines seulement de gestation... Tout ce qui a précédé est flou... Je ne sais pas comment j'ai abouti à l'hôpital Ste-Justine, j'y suis allée toute seule en vitesse, tellement pas certaine de ce que j'allais trouver. J'ai couru vers ta mère, ma grande chum de toujours. Celle que j'ai ramassée quand elle avait de la peine, avec laquelle j'ai tellement ri, que j'ai consolé des grands niaiseux, dont j'ai coupé les cheveux quelques fois, que j'ai vue saoûle deux fois (St-Aubin, les nerfs !). Ma Suzie à moi, dans les bras de laquelle j'ai moi-même pleuré, rit, celle qui m'a teint les cheveux 22 fois (dont la fois où j'ai eu l'air d'une chatte d'Espagne... Remember ?) Celle qui me décode au moindre petit ton de voix, qui lit dans mes yeux même quand tout est bien caché... Mon Bob à moi, je suis son gros Mike.

Bref, je ne me rappelle que du moment où je l'ai suivie dans les corridors de l'hôpital pour aller te voir, ma Justine... Elle a mis sa jaquette à l'envers et peut-être son masque, je sais plus... Moi je fixais ce petit tas dans les couvertures vertes... Ce petit bout de toi... Intubée, masquée, en couches démesurée... Ça été le choc ! Je ne m'y attendais pas. Un si petit être. Et là, j'ai vu ma Suzie essayer de te toucher du bout des doigts tellement elle avait peur de te briser. Ça me fait pleurer juste d'y penser. Et j'ai bien essayé de cacher mes larmes mais je n'y arrivais pas...

J'étais tellement impuissante devant ce spectacle que je n'avais presque pas le droit de regarder. Et je me suis dit; Mon Dieu, comment elle va faire ? Comment elle va faire pour survivre dans ce monde de brutes, petite comme ça? Et Suzie était pleine d'amour mais j'ai réalisé quelque chose qui m'a serré le coeur: Ma belle Suzie, si forte ne savait pas comment réagir. Elle ne pouvait pas avoir toute la fierté des autres mères qui venaient d'accoucher en montrant son bébé. Non, elle, elle devait porter en elle un sentiment mêlé d'incertitude, de craintes et une petite part en elle se disait: Qu'est-ce que j'ai fait ? Où j'ai manqué ? Je crois que quelque part, elle a douté d'avoir réussi ton arrivée... Elle aurait voulu s'excuser, mais à qui ?

Parce que nous les mamans, on est tellement moumounes, on se demande toujours si on fait les bons choix, si on agit comme il le faut, on doute, on se questionne et on se remet en question. Et ça, dès que vous entrez dans notre vie. Dès la minute où vous arrivez, quand on vous regarde dans le petit bac à vaisselle transparent dans lequel vous êtes couché à côté de notre lit d'hôpital et l'on se demande: Qu'est-ce que je vais faire avec toi maintenant ? Pire, on se dit: J'en ai pour le reste de mes jours à m'en faire pour ce petit tas de moi !

Je me rappelle de la différence démesurée entre sa main et la tienne. Elle te frôlait et tu sursautais à chaque fois... Je me disais: Touche-la, pose ta main sur elle, pour vrai... Mais qu'est-ce que je connaissais là-dedans ? J'avais ma Éliotte qui pesait 8lbs et 2 onces à la naissance et que j'avais trouvée petite... J'étais toute seule de l'autre côté de vous deux, bien loin de me douter de tout ce qui vous attendait. Ça a pris tellement de temps avant qu'elle puisse te prendre dans les bras, je ne sais pas comment elle a fait pour patienter !

Mais 11 ans plus tard, je te regarde et je me dis que les choses sont bien faites. Je te regarde et je vois toutes les fois où ta mère a eu peur pour toi, tous les escaliers qu'elle t'a évités, tous les poisons qu'elle t'a empêché de porter à ta bouche, tous les petits doigts qu'elle a protégés des cadres de portes, tous les petits nez qu'elle a mouchés, tous les dégâts qu'elle a ramassés, toutes les nuits qu'elle n'a pas dormi, toutes les ceintures de sécurité qu'elle a attachées, toutes les tuques qu'elle t'as mises sur la tête, toutes les petites camisoles qu'elle t'a ajoutées sous tes chandails à col roulés... Tous les sourires qu'elle t'a fait, toutes les fois qu'elle t'a envoyé réfléchir, toutes les bonnes choses pour la santé qu'elle t'a donné (bon, elle a raté son coup avec le chocolat, mais t'as encore le temps d'aimer ça...), tous les gros yeux qu'elle s'est composés, toutes les fois où elle s'en est voulu d'avoir élevé le ton ou perdu patience, tous les ballons qu'elle a soufflés pour ton anniversaire... Tiens, elle doit encore être en train d'en gonfler... Surtout, je veux rassurer ta mère: Elle a fait une maudite belle job avec toi, elle n'aurait pas pu mieux réussir ton entrée dans le monde ! Je t'aime Justine et toi aussi, mon Bob ! Merci d'être là !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Salut mon Bob,

Merci pour le beau message qui nous a tant fait pleurer, ma douce et moi. C'est fou comme de lire, ce que les autres disent sur toi, donne un autre sens à ce que tu as toujours entendu. Justine lisait avec moi ligne par ligne et me secondait dans le trop plein d'émotion. Elle souriait, reniflait, lisait et reniflait encore. Lorsque nous avons terminé la lecture elle m'a regardé et m,a sit: Pourquoi je pleur ??? C'est beau ce qu'elle écrit. Puis nous sommes montées te donner un char de M""""

J'ai revécu, pour la deuxième fois en moins de 24 heures, les mêmes sentiments et les mêmes moments. La première fois cette nuit à 1:48 ( heure de sa naissance... avec petite gorgée de sûre) et une deuxième en lisant ton mot.

Merci pour les bons mots, pour la belle preuve d'amour et pour ton amitié indéfectible.


Ton gros Bob ( un peu moins gros depuis 2 jours) qui t'aime.