mardi 11 mars 2014

Où étiez-vous le 11 mars 1995 ?

Laissez-moi y penser...  Tout a commencé le 22 mars, vers midi, j'étais avec ma soeur, à la porte des Grottes de Clamouse, dans l'Hérault et j'attendais la visite guidée...  Nicole était arrivée à Montpellier vers ma 38 ième semaine de grossesse avec la ferme intention qu'elle allait voir la bette de sa nièce avant son départ prévu avant ma date d'accouchement...  Je n'ai pas les images de son arrivée à l'aéroport parce que j'ai expérimenté la fameuse  relaxine, cette hormone qui détend les muscles et les tendons et a fait en sorte que j'ai raté les quelques 8 dernières marches en terrazzo de l'aéroport en m'élançant vers ma soeur.  D'où les magnifiques genoux bleus qui ont résultés et qui ont fait partie de mes séduisantes relevailles. Mais revenons à la Grotte... 
Je n'osais pas vraiment dire à ma soeur que ça faisait une quinzaine de minutes que j'avais des contractions.
- Penses-tu qu'on peut ressortir n'importe quand de la grotte ?
- Pourquoi ?
- Ben, je sais pas, parce que j'ai des contractions un peu...
- Un peu comment ?
J'ai senti un peu de tension dans sa voix...
- Ben, comme aux 5 minutes, depuis environ 15 minutes, mettons.
- QUOUA ?
30 minutes plus, tard, on était remboursées, je refaisais en voiture, la route en lacet qui me ramenait dans mon petit village de Montarnaud. J'ai pris un bain chaud, on a marché pour mettre une lettre à la poste (ce qui n'allait pas être l'expression de choix pour décrire l'accouchement qui a suivi, par contre) et finalement, ma soeur m'a fait un Kraft Diner qu'elle avait dans ses bagages pour moi...  Je me suis donc résolue à appeler mon chum en plein pitch à Paris pour lui dire que ça y était, la machine était en route, le polichinelle sortait du buffet ! 
- Tu vas m'attendre ?
- Ben oui, stresse pas avec ça, j'ai juste ça à faire, t'attendre, t'as le temps de te rendre !
6 heures plus tard, je le cueillait à la gare, avec un lunch et un sac de linge mou pour qu'il se déleste de son habit.
- C'est toi qui a conduit jusqu'ici ?!!!
-Ben oui, ma soeur conduit pas manuel...
10h30 pm, direction l'hôpital de Montpellier où 1h30 plus tard, on m'a gentiment retourné chez moi pour la nuit devant mon minable 1 cm de dilatation en 12 heures...
J'ai donc dormi, on et off, une bonne nuit de sommeil, en sachant que ça serait pour demain.
8h30 am, le matin du 11 mars, j'ai réveillé mon amoureux, debout sur le bord de mon lit, avec un sourire niais.
-C'est quoi cette eau de spaghettis dégueu par terre ?
-Ce sont mes eaux, charmant.  Lève-toi pis habille.
Je suis allée prendre une douche pendant que ma poule pas de tête courait en tous sens et que ma soeur qui avait dormi toute habillée se faisait un café.
Le reste se bouscule peut-être un peu dans ma tête, mais se résume en fait à essayer de sortir un piano par un soupirail en 3 heures !  J'ai un vague souvenir de bribes de conversation avec mon chum...
- Frotte-moi le dos si tu veux mais arrête de me demander ce que je veux !  je veux juste que ça finisse !!!
Je n'ai presque pas de compassion pour le pauvre docteur qui s'est retrouvé cul par dessus tête avec son petit tabouret à roulettes, quand la ventouse a lâché.  Je me rappelle d'avoir senti du chaud et humise sur mon bras quand ma soeur m'a dit:
- J'ai confiance en toi, tu es forte, tu vas l'avoir...
Et puis cette petite chose grise et grisée, posée sur moi, qui m'a tout de suite rassurée sur mes instincts de mère...  Ma Éliotte Lili, tant attendue, espérée et rêvée.  Le premier de nos trois projets communs à Daniel et moi.
Voilà ce que j'ai fait le 11 mars 1995.  Et vous ?  Que faisiez-vous ?